Gabrielle Chanel et la renaissance des diamants en 1932
Redonner de l’éclat au diamant après la crise de 1929
Depuis le krach boursier de 1929, l’industrie du diamant a eu du mal à se relever. La London's Diamond Corporation Limited, anciennement une filiale de De Beers, fit appel à Gabrielle Chanel, la célèbre créatrice de mode française, pour revitaliser le marché. Sa mission était de rendre les diamants à nouveau désirables.

La création de la collection “Bijoux de Diamants”
En 1932, Gabrielle Chanel lança sa première et unique collection de Haute Joaillerie qu’elle nomma “Bijoux de Diamants”. La collection comprenait 49 pièces conçues par les ateliers parisiens Lemoine et Rudhart, faites de diamants blancs et jaunes montés sur platine et or jaune. Les bijoux s’inspirent des étoiles et de la liberté, destinés à être portés au quotidien. Cette idée provient de son enfance et des années passées à l’abbaye d’Aubazine en Corrèze, où elle se souvient des jeux de marelle dans la cour, intégrant des symboles tels que le soleil, la lune, la comète et les étoiles.

Une collaboration artistique et une exposition innovante
Pour cette collection, Gabrielle Chanel collabora avec Paul Iribe pour créer les designs, exposés dans son hôtel particulier au 29 rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris. Elle introduisit des règles de mode et un thème commun, et décida de présenter les bijoux sur des mannequins en cire, ce qui était effectivement une innovation dans le domaine de la joaillerie.
L’exposition, qui demandait un droit d’entrée de 20 francs, reversa les bénéfices à deux œuvres de charité. Elle attira un immense intérêt, notamment de figures de la haute société telles que Pablo Picasso et Jean Cocteau. Grâce aux efforts de Gabrielle Chanel, la cote des diamants remonta en flèche, leur popularité reprenant sur le marché.

Les tensions dans l’industrie et l’héritage de la collection
Toutefois, l’annonce de la Diamond Corporation Limited provoqua des tensions dans l’industrie de la joaillerie. Des maisons établies sur la Place Vendôme, telles que Cartier et Chaumet, s’opposèrent en partie à cette initiative, notamment au fait qu’une maison de couture s’immisce dans le secteur très fermé de la haute joaillerie, et imposèrent que les bijoux ne soient pas vendus mais démontés et rendus à la Diamond Corporation après l’exposition.
Des années plus tard, en 1998, alors que l’on pensait que tous les bijoux de cette collection avaient disparu ou été démontés, une broche comète emblématique, ornée de 28 diamants taillés anciens, fit une réapparition remarquable lors d’une vente aux enchères. Chanel acheta cette broche, qui est désormais conservée comme un trésor patrimonial de la maison Chanel.
